L’avocat Aly Abdoulatifou, également député de Mayotte, se retrouvera en juin prochain à la barre du tribunal correctionnel. Non pas pour défendre un prévenu quelconque, mais pour y répondre de quelques légèretés prises avec certains de ses clients. Il est assez rare en effet de voir un avocat comparaître pour des indélicatesses commises dans le secret de son cabinet avec ses clients. L’affaire a été rondement mais surtout extrêmement discrètement menée car rien n’a filtré de cette affaire et, au sein même du barreau, le mutisme le plus total a entouré cette enquête qui a pourtant duré plusieurs mois. Il semblerait que l`avocat ait parfois « oublié » de reverser à ses clients les dommages et intérêts qui lui étaient confiés et qui bien entendu leur étaient destinés. Le pot aux roses a été découvert parce que dans une affaire où il avait gagné de substantiels dommages et intérêts pour deux mineurs, la CIVI la caisse d’indemnisation des victimes, qui sert en cas d’in- solvabilité des condamnés, à verser les dommages et intérêts qui sont dus aux parties civiles, avait versé plus de 50 000 euros. Or ses clients n’en ont jamais vu la couleur. Il a fallu que l’affaire menace d’exploser au grand jour pour que sous la pression, l’avocat rembourse enfin ses clients. Tout aurait pu s’arrêter dans ce milieu très feutré, mais manque de chance, l’avocat a récidive avec d’autres de ses clients. Un mineur qui avait touché 20 000 euros de dommages et intérêts et son tuteur 3000 euros, n’ont pas vu cet argent tomber dans leur poche. Une fois encore l’avocat avait « oublié » de reverser ces sommes à leurs légitimes propriétaires. Non content de se faire tirer les oreilles une première fois, il avait du une seconde fois rembourser sous la pression, mais c’en était trop. Une plainte a été déposée et la justice a mis son nez dans ces affaires. Ca la fout plutôt mal pour un avocat de surcroit député de la République ! Car même si il a remboursé ses victimes jusqu’au dernier euro, il n’empêche, aux yeux de la justice, l’infraction est constituée et l’affaire suit donc son cours, ce qui lui vaut une citation à comparaître devant les juges. L’avocat devrait donc comparaître vers le 22 juin prochain pour s’expliquer face aux magistrats sur ces « oublis ». Autant dire que le barreau au sein duquel l’ambiance est déjà plus qu’électrique, se serait bien passé de voir un de ses confrères déféré devant le tribunal correctionnel comme un vulgaire voleur de bananes.
D.H.
Source : Les Nouvelles de Mayotte n°1510 du mercredi 20 avril 2011